Lors d’une résidence photographique de trois semaines à Beyrouth, Nolwenn Brod rencontre un musicien, Charbel Haber, qui lui présente son cercle d’amis. Dans son travail tout commence (et se poursuit souvent) par un cercle, milieu clos et ses rhizomes, liens intimes, territoires intermédiaires, dont elle explore les tensions et les changements infimes, les états émotionnels, charnels, spirituels et leurs ambivalences. (...) La voici donc plongée dans une petite cosmogonie libanaise, et elle en retient surtout les femmes, anciennes amours du musicien, solaires et célestes. Mises en scène, portraits, fragments de chair et de peau, Nolwenn Brod laisse transparaître sa fascination. Sans se laisser prendre au piège de la citation picturale elle fait subtilement écho à une iconographie orientaliste, dans la chaleur de la lumière et des couleurs, la sensation tactile des images, la langueur des corps, qui rappellent l’envoûtement des européens pour un orient fantasmé et insaisissable. Elle joue du voilé-dévoilé et les figures d’odalisques côtoient celles des vierges de la peinture classique. Mais ces femmes d’aujourd’hui ne sont plus des icônes exotiques, et donnent à Nolwenn Brod l’occasion de révéler un nouveau champs d’oxymores : entre sécheresse du minéral et velours de la peau des fruits mûrs, tradition et modernité, puissance et abandon, volupté et pudeur. Et Nolwenn Brod de citer Goethe : “Ainsi continuaient-ils tous ensemble, chacun à sa façon, la vie quotidienne, avec et sans réflexion ; tout semble suivre son cours habituel comme dans des cas extrêmes où tout est remis en jeu, on continue à vivre encore comme si de rien était.” Les affinités électives (1809). Car c’est bien d’affinités qu’il s’agit, quand la photographe, avec délicatesse, se glisse dans le cercle (des êtres et des territoires), et que de boucles en circonvolutions, elle met au jour les paradoxes des jours ordinaires.
Photographe française, représentée par la Galerie VU’ depuis 2014 et membre de l’Agence VU’ depuis 2016, vit et travaille principalement à Paris. Diplômée de l’École des Gobelins, Nolwenn Brod envisage la photographie comme un rapport, une affinité élective avec les personnes et les paysages qu'elle rencontre. «Je tente de représenter l'épaisseur du paysage (notion empruntée à Thierry Girard), l’ambivalence des sentiments, les choses élémentaires que nos vies ont en commun, entre ce qui est prévu et inattendu, où parfois les sensations deviennent des sentiments. Les cadrages très serrés opèrent comme des synecdoques.» D’abord documentaire, son travail s’engage progressivement dans une dimension plus plastique, puisant son inspiration dans la peinture et la littérature, jouant des liens entre réalité et fiction, à la recherche d’une musicalité de formes et des matériaux. C’est dans cette perspective qu’elle intègre à son écriture photographique différentes disciplines telles que la vidéo, la sculpture, ou encore la tapisserie, à l’exemple de sa série « La Ritournelle » pour laquelle elle reçoit en 2017 la dotation Elie Saab lors du 32eme Festival International de Mode et de Photographie de la Villa Noailles.
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During a three-week photography residency in Beirut, Nolwenn Brod met a musician, Charbel Haber, who was kind enough to introduce his circle of friends to her. Regarding her work everything begins (and often continues) with a circle, a closed environment with its offshoots or rhizomes in the form of intimate connections and intermediate territories, of which she explores the modest tensions and changes, emotional, physical and spiritual states and their ambivalences. (...) She was immersed in a small Lebanese cosmogony where the women really caught her eye, the musician’s old flames who were heavenly and vibrant. Nolwenn Brod reveals her fascination through staging and portraits, as well as fragments of flesh and skin. Without falling into the trap of pictorial citation she subtlety echoes Orientalist iconography with warm in terms of light and colours, images that emanate a sense of being palpable and the inertia of the bodies, alluding to a European fixation with an imaginary and elusive Orient. She toys with both revealing and obscuring, as well as figures of odalisques featuring alongside those of the virgins that appeared in classical paintings. But these women today are no longer exotic icons, and prompts Nolwenn Brod to unveil a whole new range of oxymorons: between the dryness of the mineral and the velvety skin of ripe fruit, tradition and modernity, power and abandon, sensuality and modesty. And to quote Goethe: “Therefore they each continued all together everyday life in their own way, with or without reflection; everything seems to carry on as normal like in extreme cases when everything is put on the line, we carry on living as if nothing were amiss.” Elective Affinities (1809). For it is affinities that we are talking about here, when the photographer slips into the circle (of beings and territories) with sensitivity, and that from convoluted loops, she reveals the paradoxes of an average day.
Nolwenn is a French photographer, represented by Galerie VU 'since 2014 and member of Agence VU' since 2016, she lives and works mainly in Paris. As a graduate of École des Gobelins, Nolwenn Brod sees photography as a relationship, an elective affinity with the people and landscapes she encounters. "I try to represent the thickness of the landscape (a notion borrowed from Thierry Girard), the ambivalence of feelings, the elementary things that our lives have in common, between what is planned and what is unexpected, where sometimes sensations become feelings. The tight framing works like synecdoques." Documentary as first, his work gradually moves into a more plastic dimension, drawing her inspiration from painting and literature, playing on the links between reality and fiction, in search of a musicality of forms and materials. It is in this perspective that she integrates into her photographic writing different disciplines such as video, sculpture or tapestry, as in the example of her series "La Ritournelle" for which she receives in 2017 the endowment Elie Saab at the 32nd International Festival of Fashion and Photography of Villa Noailles.