71.2906° N, 156.7886° WUtqiaġ vik, Alaska
À l’extrême nord des Etats-Unis. À 320 miles au dessus du cercle arctique. Littéralement, le nom signifie « l’endroit où l’on chasse les Harfangs ». Aucune route ne permet d’y accéder ou d’en sortir. Totalement plat. Pas de plante, ou d’arbre, pas de nourriture à l’exception de la chasse : baleine boréale, phoque, caribou, morse, ours polaire. Le lait coûte 10 dollars le gallon. Un avocat, 5 dollars. Polar Night. 65 jours sans soleil. De l’obscurité à l’obscurité. Crime, substances illicites et pics de dépression. Le plus haut taux de suicides du pays. La Solastalgie y est réelle. La police reçoit des appels de citoyens perdus, ne sachant plus quelle est l’heure ou le jour. Je n’avais jamais entendu une neige pareille. Aucune humidité. Le son d’un hurlement sous chaque pas. Et le vent. Tellement présent qu’on finit par l’oublier. Près de 40 km/h. En dix secondes, la peau dénudée devient douloureuse. « Three-dog-night », une ancienne façon de mesurer l’intensité des températures. Plus il fait froid, plus vous avez besoin de chiens autour de vous pour vous réchauffer et passer la nuit. Glacé mais réchauffé. L’amincissement de la glace ne permet plus de protéger le sol des tempêtes côtières. Le territoire disparait. La ville est emportée. Ici on ne plaisante pas. Quand le soleil de midi cède la place aux nuits polaires, tout change. Les yeux vers l’horizon on ne voit rien. Et toujours rien, quelque soit la direction où l’on regarde. On attend que le soleil se lève, pour que le temps puisse reprendre son court.
Emma Panchot est une jeune photographe diplômée de l’ECAL en photographie - communication visuelle. Travaillant de manière multi-disciplinaire : vidéos, photographies, curation ou encore scénographie, elle crée très vite son univers à mi chemin entre la mode et le graphisme. Un univers qui vacille autant dans la mode que dans le documentaire et les arts visuels, et une approche de la photographie qui se nourrit de ses collaborations (Novembre Magazine, JOUR/NE, Foam Magazine, Rencontres d’Arles, etc…). Les thèmes de l'identité, des frontières, du bord de mer et sa façon de jouer avec les vêtements, les lumières ou la nature visent à explorer le corps masculin et sa polarité féminine distincte. Au cours de la période 2017-2018, Emma a voyagé et travaillé en Afrique et à Cuba, ce qui lui permit de trouver un véritable axe réflexion pour la série Nif.
emmapanchot.fr
Northernmost town in the United States. 320 miles above the Arctic Circle. The name translates to ‘place where snowy owls are hunted.’ No roads lead in or out. Flat as a board. No plants, no trees, no fresh food aside from what’s hunted: bowhead whale, seal, caribou, walrus, polar bear. Milk is ten bucks a gallon. An avocado, five. Polar Night. 65 days without the sun. Darkness brings darkness. Crime, substance abuse, and depression spike. Highest suicide rate in the country. Solastalgia is real. Police Department receives calls from disoriented citizens, not knowing the day or the time. Never have I heard snow like this. No moisture to it. Sounds like a shriek under the weight of the foot. And the wind. It’s so there, you forget it’s there. Nearly 40 below. Ten seconds and the bare skin hurts. ‘Three-dog night,’ a bygone arctic metric to define the intensity of temperature. The colder it is, the more dogs are needed around you for warmth to survive the night. Freezing, but warming. Thinning ice can no longer protect the land from coastal storms. Disappearance of landmass. The town is washing away. This place is no joke. When midnight sun is replaced by polar night, everything’s different. Eyes to the horizon and there’s nothing. And then more nothing, in every direction. Just waiting for the sun to rise above it, so time can exist again.
Mark Mahaney (born 1979, Chicago) is an American photographer living in California and New York. His clients range from Nike, AirBNB and IBM to The New Yorker, M Le Monde and Time Magazine. Commercially, Mahaney is represented by Claxton Projects in New York and he works with Kominek Gallery in Berlin. In late 2019, Trespasser Books published Mahaney’s first book, Polar Night.
markmahaney.com/