Décembre 2018, je pars rejoindre ma sœur en Bulgarie, le temps de quelques jours. Nous nous sommes rendus à Bachevo, un petit village situé dans le sud-ouest du pays. De prime abord, une commune qui n’avait en soit rien d’attrayante. Cependant, dès mon arrivée, j’ai été immédiatement subjuguée. Le temps là-bas est arrêté. Le bruit, quasiment inexistant, laisse le champ libre à la contemplation. J’y ai découvert une nouvelle beauté, presque pesante, une beauté qui envoûte. Comme un voile qui se pose sur la scène présente sous nos yeux et fige l’instant que l’on regarde.
Avec elle, la découverte d’un paysage, d’un visage, est inédite. La lumière tourne autour de chaque élément, c’est comme si elle arrivait, non pas seulement du ciel, mais de toutes les directions à la fois. Ce n’est pas simplement une beauté visuelle, c’est un tout. Elle nous prend comme elle envoûte le paysage devant nous. On fait partie du tableau, plus que l’on en est le spectateur. C’était assez troublant mais très émouvant. Bachevo a sa propre beauté et elle m’a permis de la découvrir. J’ai ainsi pu, portée par ce « magma », déambuler dans les rues, les chemins, aborder ses maisons et ses habitants. Ils m’ont fait partager leur tradition, leur intimité. L’accueil est d’une extrême importance pour eux. Il n’y a pas de place à la gêne ou l’inconfort, en quelques secondes on est avec eux, chez eux et on s’y sent bien.
Cependant, et comme beaucoup d’autre villages bulgares, celui-ci est très pauvre et s’abandonne petit à petit. Ceci est en partie dû à la négligence du phénomène de néo-ruralité ainsi qu’à la non prise en charge des ainés. Ils se dépeuplent petit à petit et personne ne sait vraiment ce qu’ils vont devenir. Je garde ainsi avec moi ces images, ces âmes et ces visages. En les partageant, peut-être que je ne serai pas la seule à ne pas les oublier. Car finalement, on a un peu tous connu un village comme Bachevo
Née en 1991, Marine Billet est une photographe basée à Paris. L'étude de l'art au sens le plus large l'a menée à la photographie et à entrer à l'école des Gobelins à Paris. Après l’obtention de son diplôme, elle a passé le plus clair de son temps à assister des photographes de publicité et de studio expérimentés. Forte de cette expérience et à travers une recherche sur les lumières, l'esthétique et les atmosphères précises, elle a développé une vision singulière. Son approche repose sur différentes compositions perspicaces et calculées.
marinebillet.com
December 2018, I go to join my sister in Bulgaria for a few days. We went to Bachevo, a small village in the southwest of the country. At first glance, a town that was in itself not attractive. However, upon my arrival, I was immediately subjugated. Time there has stopped. The noise, almost nonexistent, leaves room for contemplation. I discovered a new beauty, almost heavy, a beauty that captivates. Like a veil that lands on the scene before our eyes and freezes the moment that we look at. With her, the discovery of a landscape, a face, is unprecedented. The light turns around every element, as if it was coming not only from the sky, but from all directions at once.It's not just a visual beauty, it's a whole. She takes us as she captivates the landscape before us. We are part of the picture, more than we are the spectator. It was quite disturbing but very moving. Bachevo has her own beauty and she allowed me to discover her. I was thus able, carried by this "magma", to stroll through the streets, the paths, to approach its houses and its inhabitants. They shared with me their tradition, their intimacy. Hospitality is of extreme importance to them. There is no room for embarrassment or discomfort, in a few seconds we are with them, at home and we feel good.However, like many other Bulgarian villages, this one is very poor and is giving up on itself little by little. This is partly due to the neglect of the phenomenon of neo-rurality and the lack of support for seniors. They are depopulating little by little and no one really knows what they will become. I thus keep with me these images, these souls and these faces. By sharing them, peharps I will not be the only one to not forget them. Because after all, we have all known a village like Bachevo.
Born in 1991, Marine is a photographer based in Paris. Studying art in its broadest sens lead her to photography and to enter the Gobelins school of Paris. After graduation she devoted most of her time assisting experimented advertising and studio photographers. Strenghtened by this experience and through a research of lights, aesthetics and precise atmospheres, she developed a singular vision. Her approach is based on different and calculated acute compositions.